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Huile de vidange sur bois : protection efficace ou danger environnemental ?

Huile de vidange sur bois : protection efficace ou danger environnemental ?
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Dans le milieu du bâtiment où nous avons évolué pendant des années, certaines pratiques se transmettent d’artisan en artisan. Parmi elles, l’utilisation de l’huile de vidange pour traiter le bois extérieur fait débat. Cette méthode ancestrale, encore utilisée dans nos campagnes, mérite qu’on s’y attarde pour distinguer le mythe de la réalité. Selon l’Agence de l’Environnement et de la Maîtrise de l’Énergie (ADEME), plus de 80 000 tonnes d’huiles usagées sont collectées chaque année en France, dont une partie non négligeable est encore détournée vers des usages non conformes.

L’huile de vidange comme traitement du bois : pratiques et usages

L’application d’huile de vidange sur le bois constitue une pratique traditionnelle que nous avons souvent observée sur les chantiers ruraux. Cette méthode consiste à appliquer de l’huile de moteur usagée sur diverses structures en bois exposées aux intempéries, comme les poteaux de clôture, les portails ou les charpentes extérieures.

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Huile de vidange
Alternative écologique

Deux écoles s’affrontent concernant la méthode d’application. Certains artisans préconisent l’utilisation de l’huile pure, affirmant qu’elle pénètre suffisamment dans les fibres du bois, particulièrement lors des journées chaudes quand le bois est sec et que l’huile devient plus fluide. D’autres recommandent sa dilution avec du gasoil ou du fioul dans des proportions variables, généralement à parts égales, pour faciliter sa pénétration et améliorer sa répartition.

Une technique couramment employée pour les piquets de clôture consiste à tremper leur partie destinée à être enfouie dans un mélange d’huile de vidange pendant plusieurs heures, voire toute une nuit. Cette imprégnation vise à protéger le bois du pourrissement causé par l’humidité du sol.

Les défenseurs de cette pratique avancent plusieurs arguments :

  • Une protection efficace contre l’humidité et les insectes xylophages
  • Une durabilité supérieure aux produits commerciaux standards
  • Un coût quasi nul pour celui qui récupère sa propre huile de vidange
  • Une application simple ne nécessitant pas d’équipement spécifique

Avant de couler une dalle de béton directement sur la terre, nous devons souvent installer des coffrages en bois. Certains de nos anciens collègues n’hésitaient pas à les traiter avec ce type d’huile pour prolonger leur durée de vie, malgré les risques environnementaux que cette pratique comporte.

Impacts environnementaux et sanitaires : les dangers méconnus

L’utilisation de l’huile de vidange pour traiter le bois présente des risques considérables que nous ne pouvons ignorer. Depuis l’interdiction formelle de son rejet dans la nature par le décret du 8 mars 1977, les connaissances scientifiques ont largement documenté sa nocivité environnementale.

Un litre d’huile usagée peut contaminer jusqu’à 1000 m² de sol et rendre impropre à la consommation un million de litres d’eau selon les données de l’ADEME. Cette pollution s’explique par la présence de composés toxiques particulièrement préoccupants dans les huiles usagées :

ComposantRisque environnementalRisque sanitaire
Hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP)Persistance dans les sols pendant des décenniesPotentiellement cancérigènes
Métaux lourds (plomb, cadmium)Bioaccumulation dans la chaîne alimentaireToxicité pour le système nerveux
Additifs chimiquesContamination des nappes phréatiquesIrritations cutanées et respiratoires

L’aspect légal mérite également notre attention. En France, l’utilisation détournée d’huiles usagées est strictement encadrée par le Code de l’environnement. Les huiles de vidange sont classées comme déchets dangereux et doivent obligatoirement être remises à des collecteurs agréés. Leur utilisation pour traiter le bois peut donc entraîner des sanctions administratives, voire pénales dans les cas les plus graves.

Sur le plan sanitaire, nous avons constaté que le contact répété avec ces huiles provoque des irritations cutanées chez les professionnels qui les manipulent sans protection adéquate. L’exposition chronique aux vapeurs d’hydrocarbures peut également engendrer des troubles respiratoires à long terme, comme l’ont montré plusieurs études épidémiologiques menées auprès de mécaniciens automobiles.

Limites techniques du traitement à l’huile de vidange

Au-delà des considérations environnementales et sanitaires, cette méthode présente d’importantes limitations techniques. Le séchage incomplet du bois traité constitue l’inconvénient majeur que nous avons régulièrement observé sur les chantiers. Même après plusieurs années, le bois conserve un aspect gras qui tache les vêtements et complique toute manipulation.

Alternatives écologiques et efficaces pour protéger le bois extérieur

Face aux risques associés à l’huile de vidange, nous recommandons plusieurs alternatives plus respectueuses de l’environnement tout en restant efficaces pour la préservation du bois extérieur. Ces solutions, bien que légèrement plus onéreuses, offrent un excellent compromis entre performance et respect de l’environnement.

L’huile de lin, particulièrement dans sa version cuite ou polymérisée, constitue une excellente option. Elle pénètre profondément dans les fibres du bois, formant une barrière efficace contre l’humidité. Pour faciliter son application et améliorer sa pénétration, nous la diluons souvent avec de l’essence de térébenthine d’origine végétale dans une proportion d’environ 30%. Cette solution naturelle coûte entre 20 et 25€ les 5 litres pour un produit de qualité.

L’huile de Tung (ou huile de bois de Chine) représente une alternative haut de gamme. Sa résistance exceptionnelle à l’eau et sa durabilité en font un choix privilégié pour les structures en bois soumises à des conditions difficiles. Si son prix plus élevé peut rebuter, sa longévité compense largement cet investissement initial.

La technique japonaise du Yakisugi (bois brûlé) mérite également notre attention. Ce procédé millénaire consiste à carboniser superficiellement la surface du bois pour le rendre naturellement imputrescible et résistant aux insectes. Nous l’avons expérimentée sur plusieurs projets avec d’excellents résultats, notamment pour des bardages extérieurs.

  1. Préparer le bois en le ponçant légèrement
  2. Brûler uniformément la surface avec un chalumeau
  3. Brosser délicatement pour éliminer les résidus carbonisés
  4. Appliquer optionnellement une huile naturelle pour finaliser la protection

Enfin, le marché propose désormais des solutions commerciales écologiques comme les lasures à base d’eau ou les produits labellisés “biocarbonil”. Ces traitements, formulés pour minimiser leur impact environnemental, offrent une protection efficace contre les UV, l’humidité et les insectes xylophages, sans les inconvénients des produits pétrochimiques traditionnels.

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